vendredi 12 novembre 2010

Lorsque St Egrève avait un tramway



Alors que l'on nous annonce l'arrivée du tramway à St Egrève c’est l’occasion de se souvenir qu’un tramway a existé à Saint-Egrève de 1900 à 1951 (cliquez sur le lien) au temps où les lignes de tramways étaient très nombreuses dans la ville de Grenoble et aux alentours. La Société Grenobloise des Tramways Electriques (SGTE) a mis en service la ligne Grenoble-Voreppe le 12 mai 1900. La section Saint-Robert – Voreppe a été fermée en 1938, la ligne complète supprimée le 8 février 1951 et les vieilles motrices et remorques, inchangées depuis l’ouverture de la ligne, ont alors été remplacées par des autobus.

Les rails occupaient alors l’emplacement exact de la piste cyclable actuelle mais le trajet était un peu différent du trajet de la ligne de bus n°3 : Le « tram » partait de la place Grenette, passait place Victor Hugo, tournait boulevard Gambetta, traversait la place de la Bastille (place Dubedout actuelle), passait sur l’ancien pont de la Bastille décoré de gros dauphins (pont construit par Gustave Eiffel). La voie longeait ensuite l’Isère par la nationale 75 car l’autoroute n’existait pas. A la Buisseratte le tram montait dans le village car la déviation évitant le vieux village n’a été créée qu’en 1936 et la voie du tram est restée sur l’ancien tracé. Le véhicule brinquebalant, après l’arrêt dans le village, descendait à une vitesse qui semblait vertigineuse à mes yeux d’enfant et je ne respirais qu’après que le virage de la Basse-Buisseratte ait été négocié avec succès. A Saint-Robert aussi le tram passait dans la rue principale du village.

Dans les années 1940-1950 il y avait deux terminus : la Monta (place Pompée) et Saint-Robert, la bifurcation se trouvait au Pont de Vence. Toutes les 30 minutes un tramway partait de la place Grenette, le premier en direction de la Monta, le suivant en direction de Saint Robert. La rame montante croisait la rame descendante à l’arrêt Bellecroix (près de l’arrêt Buisseratte actuel) où la voie était à double sens , elle devait souvent y stationner un moment pour attendre la rame arrivant en sens inverse.

Les rames étaient le plus souvent composées de trois voitures : une motrice et deux remorques. Ces remorques avaient à l’avant et à l’arrière de grandes plates-formes ouvertes. Le matin, de bonne heure, les maraîchers et cultivateurs de toute la couronne grenobloise y entassaient les produits qu’ils venaient vendre sur les différents marchés de Grenoble. Mme S, fermière à Fiancey, par exemple, vendait ses fruits et légumes place Saint-André, marché où l’on trouve encore aujourd’hui les produits du terroir.

Deux employés de la SGTE étaient en service dans la rame : le «watman» conduisait le tram dans une cabine fermée à l’avant de la motrice et le «receveur» délivrait et compostait les «tickets», différents en grandeur et en prix suivant la longueur du trajet. Le receveur portait son composteur à manivelle sur l’estomac et passait d’une voiture à l’autre par un exercice de voltige d’une plateforme à l’autre. A chaque arrêt, lorsque tous les voyageurs étaient montés, il soufflait dans une sorte de petite trompette pour avertir le watman qu’il pouvait démarrer.
Pourquoi tout cela a-t-il disparu ? Il y a sans doute eu plusieurs raisons : les automobiles de plus en plus nombreuses étaient gênées par les tramways qui encombraient la chaussée, le matériel jamais renouvelé devenait obsolète et son renouvellement aurait été trop coûteux. les nombreux grenoblois qui allaient travailler à bicyclette (Grenoble est la ville la plus plate de France) râlaient contre les rails des tramways qui provoquaient fréquemment des chutes lorsqu’ils devaient les traverser.
Actuellement les grenoblois apprécient tous le tramway et les Saint-Egrévois l’attendent avec impatience. Espérons que nous retrouverons bientôt notre tramway disparu en 1951 et que nous verrons bientôt les très belles rames Citadis 402 comme Grenoble, Bordeaux et Paris (cliquez sur le lien rouge).


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